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Savoir qui on est – Le piège des images



Psychologie Cosmique


20-10-90 3/4


Lignes directrices :

– Savoir qui l’on est.

– Le piège des images.



(fin du 2/4)
Bien sûr, si je veux aller plus loin que simplement être un homme (le meilleur possible), si je veux arracher le ventre des étoiles et m’installer sur les étoiles, alors forcément, en plus que de faire les choses bien, il faudra que j’accepte de ne plus faire du tout certaines choses. D’ailleurs, si je poursuis mon regard (ce regard qui transperce les éléments composant une situation) je peux trouver en moi une énergie qui me permettra de me priver de quelque chose, de me priver de ma crème au chocolat…

(suite 3/4)
Ce qu’il faut, c’est savoir qui l’on est.
Parce qu’on a envie du meilleur pour soi-même et qu’on ne veut pas perdre de temps. On ne peut pas simplement décider de se priver de ceci ou de cela pour obtenir l’initiation. Il faut se connaitre. Et pour se connaitre, il faut, encore une fois, appliquer ce regard qui va séparer les éléments.

Qui suis-je ?
Car pour bâtir mon moi supérieur, il va d’abord falloir que je connaisse mon moi inférieur.
Qui suis-je ?
Alors, je vais faire la liste de tout ce qui me semble évident à propos de mes qualités, de mes défauts, de mes tendances. Et lorsque je fais ainsi la liste de tous mes élans, j’arrive à mesurer le point exact qu’est le prochain point d’évolution. J’arrive à faire l’évaluation exacte du type d’effort, du type de sacrifice qui me fera aller au prochain endroit. Je ne peux pas vouloir tout de suite aller à la borne n°10 si je ne me suis pas installé d’abord à la borne n°4. C’est impossible. Et la plupart des individus, en spiritualité, commettent cette erreur. Et c’est ainsi qu’au bout de plusieurs années de méditation, ils se disent qu’ils ne sont pas doués, ou bien, ils recherchent des raisons dans leur passé : « C’est à cause de mon père qui m’a battu pendant toute mon enfance. C’est à cause de ma mère qui n’était jamais là quand je rentrais. Et alors maintenant il y a des énergies bloquées qui me manquent pour ma méditation ».
Quand ce n’est pas la faute du bon Dieu qui a tort de ne pas venir vous initier.

Ce sera toujours la faute de quelqu’un d’autre, alors que ce n’est qu’un défaut de position, le plus souvent.
Je veux aller à tel endroit, mais malheureusement, j’ai encore un pied qui est largement en arrière, là-bas, de l’autre côté. Ce qui fait que je me retrouve complètement écartelé,  que je suis déséquilibré et que, sous prétexte de faire de la spiritualité, je trouve que je deviens un être humain de plus en plus sensible, de plus en plus irascible, de plus en plus fragile et je me brise sur n’importe quel obstacle.
C’est comme si je ne supportais plus la vie. Alors je projette de me réfugier dans  les monastères ou de trouver mon maître et d’en finir avec cette vie, avec cette société, avec ce monde technologique.

Si tu veux tout rejeter loin de toi, t’enfermer dans la méditation ou les monastères, c’est parce qu’il y a le déséquilibre en toi. Tu as  encore un pied en arrière et tu as jeté l’autre loin devant et, forcément, tu viens de tomber sur tes fesses. Et tu dis : « Oh ! À tel moment, j’ai réagi de la sorte mais je ne m’attendais pas à ça de ma part. Comme quoi il y a toujours un petit démon qui nous pousse à quelque chose ».
Ce n’est ni le démon ni l’initiation qui a sonné. C’est ton déséquilibre qui t’a fait chuter.

Alors, commence par purifier ta pensée en ne projetant rien à propos de l’initiation, des initiateurs ou de Dieu. Ne t’imagine pas ce que cela peut être que d’être dans le nirvana. Ne te dis pas : « Je veux la plénitude, la paix suprême, la paix de l’esprit. Je veux voguer dans le cosmos comme une vibration libre de la matière ». Ne projette rien ! Tout ce que tu pourrais projeter est forcément mensonge par rapport à la vérité, car tu ne peux qu’imaginer ce que peut être le nirvana.
Si je te dis que le nirvana c’est la paix, comme tu connais le malheur, tu vas te dire: que la paix c’est l’absence du malheur, le contraire du malheur. Mais c’est faux ! La paix n’a rien à voir avec le fait d’être dans une joie contraire au malheur.

Donc n’imagine rien à propos de l’initiation ou des états initiatiques. Va dans le ciel avec une tête propre, avec une tête vide. C’est le plus sûr moyen pour que tu puisses rencontrer la dimension céleste : une tête vide.

Tu vas me dire : « c’est très difficile d’avoir une tête vide avec tous les livres que je lis ».
Forcément.
Si tu lis énormément et que tu connais déjà le nombre de boutons que Bouddha porte sur son vêtement, tu ne vas pas pouvoir l’imaginer tout nu. Tu ne vas pas pouvoir imaginer… son inexistence.
Eh bien, je te propose de savoir tout ça et de l’oublier en même temps. De le connaitre, mais de ne pas t’en servir pour aller au ciel. Sers-t’en uniquement pour marcher sur la terre, pour trouver le meilleur chemin, pour faire le meilleur choix possible entre deux émotions, deux situations, mais surtout pas pour aller au ciel ! C’est la plus grande bêtise que tu puisses commettre. Et j’en veux pour preuve le fait que, lorsque ce sera le moment pour toi et que tu iras dans un véritable temple initiatique où il y a le maître que tu cherches et que tu imagines, il n’y aura aucun livre. Aucun. Le maître, à lui seul, est le grand livre.
Et il va te falloir apprendre. Tu devras découvrir comment entrer dans le maître pour lire chaque jour une page. Il t’autorisera (ou pas) à lire cette page selon que tu seras bien positionné en lui (ou pas). Il contient toute la connaissance puisqu’il a appris le cosmos. Il a appris les lois. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir les étagères remplies de livres.
Par contre, il va falloir savoir (intensément) faire UN avec le maître, faire UN avec ce soleil central qu’il représente. Fusionner avec le maître pour pouvoir l’absorber de façon à ce qu’en l’absorbant, il révèle ce qu’il contient.

Tant que l’homme vit en état de séparation à propos de tout (à propos de la nature, à propos du maître, à propos de sa propre âme, à propos de Dieu en personne) il va devoir lire ! Ce sera le seul moyen pour lui de savoir quelque chose, d’apprendre à faire les bons choix, d’apprendre à discerner le vrai du faux. Il n’aura alors plus que sa tête et ne pourra plus que lire.
C’est à ce moment-là qu’il va entrer dans les douleurs : il va aimer Dieu (ou le maître). Il va chercher Dieu (ou le maître). Il va supplier les colonnes du ciel de faire quelque chose pour lui, de l’aider un peu.
Et, malheureusement, il n’aura que sa tête.
Et avec la tête, on ne rentre pas au ciel.
C’est là qu’il va souffrir. Il va lire, dévorer les livres. Il va pleurer face au maître. Mais le maître sera toujours comme derrière une vitrine : inaccessible, flottant, le regard perdu ailleurs. Un ailleurs où le disciple ne regarde pas encore…

Tu veux une solution ?
La solution est simple. Mais comme toutes les choses simples, je sais très bien que, même si je te le dis, tu ne le feras pas, dès que tu sortiras d’ici, tu feras autre chose. Je le sais très bien, mais je te le dis quand même.
Comment est-ce que l’on fait ?

Puisque l’on s’aperçoit que le maître regarde dans un endroit où l’on ne regarde pas encore nous-même, la première des choses à faire me semble naturelle : regarde dans la même direction que lui ! Au lieu de l’attraper, de le regarder lui, de le vouloir, de l’appeler, de taper contre la vitre, regarde dans la même direction que lui !
Pour les choses inférieures, tu sais très bien te comporter puisque, dès que quelqu’un a le nez levé quelque part, tu le lèves toi aussi, 10 personnes passent et 10 personnes vont lever le nez. Mais pour les choses de Dieu, voilà que, d’un seul coup, tu ne sais plus être sensé. Tu ne sais plus être naturel. Tu ne sais plus imiter, comme tu peux imiter les autres hommes sur terre.
Regarde dans la même direction que le maître !

Qu’est-ce que cela veut dire ?
Les images sont bien belles mais, concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela veut dire que je ne vais pas quitter « l’étoile » des yeux.

Que symbolise l’étoile ?

Essayez de le pressentir afin que cela s’intègre en vous. Essayez de le pressentir avant que je dise les choses. Si vous avez la chance de pressentir avant que je prononce, alors c’est une parole vivante ! Sinon, c’est un mot de plus, une page de plus, un livre de plus… Il n’est pas nécessaire d’avoir étudié l’ésotérisme pour pressentir le symbole de l’étoile.
Regarde bien l’étoile.
Avec ton esprit, suis ses arêtes, remonte chaque branche, va jusqu’au sommet et redescend jusqu’à son pied. Essaye de pressentir sa géométrie. Si tu arrives à faire cela, tu sauras faire tout autre chose aussi, sans que je sois obligé de te l’expliquer. Tu prendras aussi le cercle et tu entreras en Dieu. Suis bien, avec ton esprit, la forme de cette étoile et regarde à quel point elle est mesure, équilibre. Et surtout à quel point, sur ses deux branches stables, elle est debout, les bras écartés et la tête droite.

L’étoile, c’est l’homme parfait, l’homme debout, l’homme qui dit : « Je suis sur terre pour être Dieu, pour les autres, et pas pour moi-même ». Si je ne suis pas une étoile déployée, debout, et qui réceptionne la lumière, que suis-je ? Je suis un petit colimaçon, tout replié sur moi-même. Et c’est là que j’appelle Dieu et les maîtres. Et c’est là que je demande mon initiation et que, tous les soirs, je marque les arguments pour que, dans la nuit, on m’amène à Shamballa pour me montrer la vérité.

Cela réconforte bien de penser que Dieu est une entité à l’extérieur, un Père. Mais Dieu, c’est ma propre histoire, c’est mon propre avenir, c’est ma vie, c’est moi, c’est mon déroulement, c’est mon futur.
Alors, puisque j’ai cette connaissance, et par sentiment de responsabilité, j’essaye du mieux possible d’être Dieu sur terre… pour les autres.
A quoi cela me sert d’avoir trouvé Dieu pour moi, d’être heureux moi tout seul dans mon grand château couvert d’or et d’entendre, dans le silence, résonner mes propres pas ? Mes pas parfaits, certes, mais mes pas solitaires.

Très vite, cette solitude n’est plus supportable, même au cœur le plus parfait, car l’être humain est un chainon vivant (et qui dit « vie » dit « échange », dit « circulation »). Alors, il regarde de nouveau vers le bas et se dit qu’il va faire quelque chose pour les hommes, car ils sont Dieu ! Dieu enchainé dans l’illusion !
Puisque j’aime Dieu, puisque je veux le servir, puisque je le loue, puisque je lui fais tout ce cinéma, tous les soirs, pendant mes rituels, il s’agit d’aider Dieu là où il a le plus besoin de moi. Il n’a pas besoin de moi lorsqu’il est Dieu au ciel, dans son grand carrosse. Il a besoin de moi lorsqu’il est enfant dans le ventre de la terre, qu’il ne sait pas comment naitre et que l’accouchement est difficile ! Il risque même de mourir de ne pas savoir comment on renaît à soi-même !
Si j’aime Dieu, c’est pour l’aider à ce niveau-là de son existence. Et si j’ai un peu de respect pour moi-même, pour mon statut d’être humain devenu conscient, si je veux pouvoir me regarder chaque matin en me disant que je suis conscient, je ne peux pas m’empêcher de regarder les autres.

Donc, pour tout individu qui voyage le long du chemin de la spiritualité, et dès qu’il aura abouti à quelque chose, la première loi sera de donner ce qu’il a trouvé. Même si vous vous considérez comme étant des débutants, vous avez déjà trouvé une multitude de choses dans la vie. Vous avez peut-être trouvé une certaine philosophie. Vous avez trouvé comment juger telle ou telle situation parce que vous y êtes passé vous-mêmes. Vous avez trouvé comment négocier avec telle ou telle émotion parce que vous l’avez éprouvée. Vous savez comment vous comporter en société. Vous savez comment imaginer telle ou telle chose.
Vous avez appris. Vous avez des connaissances.
Donnez-les. Donnez-les aussi souvent que vous le pouvez.

Bien sûr, il y a une façon de donner. Il ne s’agit pas d’arriver et de donner son « cours magistral » à propos de comment on divorce ou de comment on se marie alors que vous-mêmes, tout ce que vous avez appris du mariage, c’est qu’il faut supporter sa femme telle quelle est (parce que chaque soir elle vous fait des scènes). Si votre propre mariage n’est pas parfait, au moment où vous allez discuter de comment choisir l’époux, vous serez bien mal venu et on se moquera de vous.

Si vous n’avez pas maitrisé tel évènement (à propos duquel vous pouvez « savoir » comment on le maitrise alors que vous n’avez pas maitrisé vous-même dans les faits), vous pourrez vous demander s’il faut que vous vous taisiez.
Je dirais qu’il faut toujours que vous compliquiez la vie…
Il faut agir avec humilité car lorsque l’on agit avec humilité, on peut porter témoignage, y compris à propos de l’échec que l’on endure. Si cela est fait avec humilité et tempérance, on peut dire : « Bah! Tu sais, je ne suis pas l’exemple le plus vivant de ce que je vais te dire, mais c’est justement parce que je représente l’échec de telle ou telle situation que je peux te dire qu’il est capital que tu fasses ça et ça. Sinon, tu auras les mêmes douleurs que moi ! »
Sitôt que l’on veut instruire, il faut être très humble sinon, soit les individus se moqueront de vous, soit vous serez démenti par la sagesse elle-même car la sagesse essaiera de casser votre orgueil, cette fausse instruction que vous donnez.

Enseigner réclame toujours beaucoup d’humilité. Que ce soit pour enseigner à un enfant comment on mange à la petite cuillère, à des élèves comment apprendre la géographie, à son propre enfant comment se conduire dans la vie ou à des individus comment ils peuvent estimer Dieu, c’est le même enseignement et cela réclame la même humilité.

Qu’est-ce que l’humilité ?

L’humilité sera de faire passer cette connaissance d’abord, sans jouer un rôle par rapport à la connaissance que l’on donne. Et donc sans faire intervenir l’image et dire : « C’est moi qui sais et je vous dis, c’est moi qui connais et je vous instruis. C’est moi qui sais, donc obéissez, faites comme je dis. »
Il faut être celui qui, anonymement, transporte l’eau ou la perle, en sachant bien que c’est cette perle qui est importante et pas le porteur. Beaucoup de porteurs se remplissent beaucoup plus de nacre que la perle et n’ont en fait qu’un caillou à donner. Vous avez donc raison d’avoir toujours des doutes quant à tel auteur, tel instructeur, voire tel initiateur. Il y en a tellement qui ne donne que des cailloux.

Mais comme disait Jésus : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Donc on ne doit pas non plus se moquer de ces gens-là. On ne doit pas constater une illusion pour tomber soi-même dans une autre illusion et devenir rouge de rire parce qu’on se moque d’un tel individu. On doit simplement le laisser à son rêve.

Il faut donc être conscient de la perle que l’on porte et non pas du fait que l’on est porteur de la perle. Cela a lieu (et peu avoir lieu très facilement) sitôt que l’on est plus piégé par le système des images, sitôt que l’on a plus envie « d’exister » mais que l’on veut faire circuler l’existence, sitôt que l’on n’attend pas une image de soi, un statut à propos de soi, sitôt que l’on veut partager la vie-découverte avec les autres.
La différence qu’il y a entre un vaniteux, un orgueilleux et un homme simple, un homme de vérité, c’est que l’un désire exister. Et puisqu’il va tirer un certain plaisir de cette existence, il va essayer de s’entourer des meilleures images possibles. Il va désirer les meilleures références possibles. Il y a donc celui qui va désirer exister et celui qui ne désire plus exister et qui passe tout son temps à faire exister les autres. Il passe tout son temps à donner la vie aux autres, la parole aux autres, l’initiation aux autres, le réconfort aux autres; tout ce qu’il peut donner, tout ce qu’il a compris.

L’orgueil, la fierté, la vanité, tout cela n’existe pas parce que ce sont des pièges que Dieu avait prévus. Tout cela existe parce que l’homme désire exister et qu’il tire plaisir face à son image. Lorsque l’on est suffisamment intelligent (car c’est un acte d’intelligence, à ce moment-là) pour ne plus vivre d’après les plaisirs personnels que l’on tire de sa propre image, on peut vraiment commencer à être un disciple.

Cela se passe parce qu’en étant vide de toutes ces illusions, de toutes ces images, les énergies vont déclencher un processus d’aimantation à l’intérieur de l’individu qui met le disciple en relation avec le maître, l’initiateur. Plus je me vide à propos de mes images (entretenues par moi-même pour moi-même) plus je déclenche l’aimantation qui me permet chaque jour de me rapprocher de l’initiateur. Cette aimantation est d’autant plus forte que le vide existe à propos de mes images.

C’est pourquoi, chaque fois que je fais sacrifice de ma vanité, chaque fois que je fais sacrifice de mon orgueil, il me semble monter d’un cran dans l’univers. Ce n’est pas parce que j’ai de l’énergie, ce n’est pas parce que Kundalini est montée un petit peu, mais parce que vous vous êtes rapprochés de votre initiateur et que son feu, son rayonnement, commence à circuler à travers vous.
Longtemps avant que vous puissiez rencontrer le maître, son rayonnement circule à travers vous. Exactement comme un petit arbre qui commence à pousser sur un grand arbre : la sève du grand arbre circule dans le petit arbre qui pousse ! Et c’est ce qui permet sa croissance, et même toute sa vie. Puis, lorsqu’une certaine croissance est atteinte, il y a séparation et le petit arbre peut alors prendre racine dans la terre (du paradis). Il peut avoir ses propres racines.
Mais avant cela, il était sur le corps du maître, le corps spirituel du maître. Et c’est ainsi que l’on peut voir de grands arbres de lumière (que vous, vous appelez les maîtres), de grands arbres portant sur leurs flancs une multitude, une forêt de petits arbres naissants qui sont Pierre, Paul, Jacques, vous, elle, tout ceux qui « aspirent », tous ceux qui essaient de faire de leur mieux.
Chaque fois qu’un petit arbre est assez nourri et qu’il commence à connaître un peu l’univers, il peut construire ses propres racines et les plonger dans la terre. Il devient alors lui-même un arbre, même s’il ne peut pas porter tout de suite d’autres arbres, car il doit encore poursuivre sa croissance.

Voilà comment on peut imaginer Shamballa : non pas remplie de toits magnifiques et de temples extraordinaires, mais de grandes forêts de lumière avec des arbres majestueux et tout illuminés, comme des arbres de Noël.

Que faire dès demain ?
Tous ces discours sont peut-être beaux à entendre mais que construire avec eux, dès demain ?

Vous ne pourrez rien construire si je n’ai pas réussi (ou si vous ne m’avez pas suffisamment permis) de casser en vous le processus de l’image. Il faut que cela soit incisif en vous : « Je casse les images, je casse le miroir ! »
Concrètement, cela veut dire que je ne vous donne aucune méditation, aucun renseignement sur Shamballa ou sur l’avenir de la terre. Cela veut dire que je ne vous donne rien… sinon le conseil que dès demain, lorsque vous passerez vos vêtements, ne soyez plus l’esclave de votre image, de votre allure. Ne mettez plus ces chaussures parce qu’elles vous font un joli pied, mais parce qu’elles sont belles. Ne mettez plus cette chemise parce qu’elle vous donne fière allure, mais parce qu’elle est belle. Ne vous coiffez plus parce que les cheveux, mis ainsi, vous donnent belle allure, mais parce qu’ils sont beaux.

Sitôt que vous vous appropriez la beauté de quelque chose pour servir votre propre image, vous êtes dans le malheur. Car lorsque vous n’aurez plus cette magnifique paire de chaussures, vous ne voudrez pas descendre dans la rue et aller à tel endroit avec des godillots… parce que ce n’est pas élégant !

Et ainsi, c’est comme si toute votre crédibilité était en jeu, comme si votre « passeport » (le passeport pour être accepter par les autres) était en jeu.
Je suis accepté par moi-même. Je suis mon meilleur ami (c’est déjà beaucoup). Et si je ne suis pas accepté par les autres, tant pis ! Mais tant que je ne m’accepte pas moi-même, même s’il y a des milliards d’individus qui m’acceptent, je me trouverai toujours quelque chose qui ne va pas. Que ce soit mon café qui est trop sucré, mon horloge qui avance, mon pantalon qui est trop serré, mes cheveux qui ne sont pas comme je veux etc… il y aura toujours quelque chose qui ne va pas.
En fait, la course pour être aimé et accepté par les autres me démontre ceci : c’est que finalement, quand je suis chez moi, cela ne compte plus et je me retrouve seul avec mon propre malheur. C’est pour cela que la plupart des gens ne peuvent pas rester chez eux. Il faut toujours qu’ils sortent parce que pour s’aimer, pour être bien, pour être heureux, il leur faudra rencontrer les hommes et les femmes qui les acceptent et qui leur construisent une belle image d’eux-mêmes.

Lorsque tu pourras rester trois jours chez toi, dans le silence, sans contacter qui que ce soit et éprouver du bonheur à être seul, alors tu pourras dire que tu as brisé les images. Si, au contraire, au bout de quelques heures, tu commences à vouloir téléphoner à tel ami ou à écrire à tel autre ou à entretenir ton journal personnel, à ce moment-là, tu contemples à quel point tu es malheureux avec toi-même et donc à quel point tu dépends des images pour exister.

Tu veux un travail spirituel ? Fais celui-là ! Essaye de rester trois jours tout seul, sans aucun son, avec ta seule présence. Et tu verras à quel point les images vont remonter depuis tes profondeurs. Tu verras à quel point tu auras besoin d’entendre du bruit, à quel point tu auras besoin ne serait-ce que de voir passer un chat ! Et ce chat représentera alors toute la présence de Dieu : « Tiens, voilà un autre être vivant. »

Si tu arrives à rester seul, alors tu es prêt pour la méditation.
En fait, vois-tu, si je voulais vraiment travailler à des exercices spécifiques sur la terre, c’est ce que je ferai. Quel que soit l’exercice de méditation, avant de l’enseigner, je demanderai une isolation de trois jours pour tous les aspirants. Durant ces trois jours, la mémoire se nettoie.
Tu as envie de pleurer ? Pleure ! Tu n’arrives pas à te séparer d’un souvenir qui te harcèle ? Eh bien, laisse le. Laisse-le se débattre. Il doit sortir hors de toi. N’essaie pas de l’étouffer avec de la bonne musique. Tu le laisses sortir et lorsque tout sera sorti, tu pourras commencer la méditation parce qu’il n’y aura plus d’images.
En fait, si tu essayes de méditer et que tu es rempli d’images, automatiquement, tu vas méditer sur une image qui est l’image de Dieu, l’image du maître. Tu vas imaginer ce que peut être Dieu (le dieu que tu cherches et ce que tu vas trouver quand tu vas le rencontrer). Tu vas imaginer le maître et plus tu auras son portrait, plus tu seras content !
Mais sais-tu quel est le meilleur portrait du maître ? C’est une feuille blanche avec un point noir au milieu. Voilà le meilleur portrait du maître : Un infini et un éclat de lumière dans cet infini.
Tu n’as donc pas besoin des portraits « les plus vrais » (ou des derniers reçus) pour être sûr d’être affilié à une réalité, à une confrérie. Non seulement la confrérie te connaît (puisque tu t’es animé d’une volonté) mais en plus, c’est elle qui dirige le jour de la rencontre. Tu n’y es pour rien. Tes efforts y sont pour quelque chose, mais tu ne peux pas « déterminer ».

Alors débarrasse-toi de toutes les images à tous les niveaux, que ce soit l’image de Dieu, l’image du maître, l’image des crèmes au chocolat, mais aussi tes propres images : ta personnalité.
Lorsque tu seras allé au bout de cette épuration, même si tu ne t’es jamais assis un quart d’heure pour faire un exercice de méditation, tu seras en état de méditation. Je te l’affirme ! C’est quelque chose que je te prononce en l’affirmant très fort ! L’exercice de méditation n’est pas absolu ni nécessaire. Ce n’est pas LA voie. Tu peux faire une méditation toute aussi bonne (mais active) et plus difficile puisqu’elle est celle de la purification : Je dissous les images, toutes les images. Je crée donc en moi une pensée tellement pure que, même si je ne me suis jamais mis une seconde en méditation, ma pensée est semblable à l’esprit de Dieu.

Souvent, je t’ai dit de cultiver la pensée pure. Mais qu’est-ce qu’une pensée pure ? C’est une pensée qui n’est plus agitée par les images. Plus aucune image. Ni la nécessité d’être beau ou belle, ni la nécessité d’avoir un grand métier, d’avoir de l’argent, de voyager pour s’évader, ni même la nécessité d’obtenir l’initiation, de rencontrer son maître, de connaitre Dieu.
Plus rien.
Il y a tout simplement : la présence… Un instant qui devient éternel.
Et c’est ça méditer. C’est ça être Dieu.

Tu es constamment Dieu. On te l’a dit très souvent. Mais ce qui te fait être un homme, c’est que tu es Dieu en train de penser qu’il est Pierre ou Joséphine, qu’il est femme ou homme, qu’il s’habille bien ou mal, qu’il ferait mieux de mettre tel pantalon plutôt que tel autre, qu’il ferait mieux d’avoir telle voiture plutôt que telle autre, tel métier plutôt que tel autre, qu’il aurait préféré être de telle époque plutôt que de celle-ci…
Sitôt que la divinité pense toutes ces choses, elle les devient. Et à ce moment-là, il y a le malheur.

Alors si tu veux produire une méditation intense et réelle, ne t’assoie jamais ! Ne médite jamais ! N’écoute aucune instruction ! Ne lis aucun livre ! Mais je t’en prie, essaye d’avoir une pensée pure. Dissous toutes les images. Et si tu ne fais que cela, tu arriveras exactement au même niveau initiatique que celui qui aura lu tous les livres, qui aura médité tous les jours et fait des efforts insurmontables sur sa nature inférieure.

Quel chemin te semble, non seulement le plus facile, mais aussi le plus sincère ? C’est bien celui qui consiste à dissoudre les images, n’est-ce pas ?
Alors ne t’imagine plus rien à propos de la difficulté de la spiritualité.

Intègre ta famille dans ta méditation. Intègre le bruit du foyer, le bruit du frigo, le bruit du quartier, le bruit des enfants. Intègre tout cela et tu verras que, non seulement ton paysage va devenir beaucoup plus riche de sons, d’énergies, mais qu’en plus, ce paysage va s’embellir parce que tu y introduis toi-même la spiritualité. Tu n’interdis plus au paysage de rentrer dans ton monde spirituel. Tu lui dis : « Bienvenue ! »
Il rentre et il en est enrichi. Et c’est un confort réciproque.

Si tu n’intègres pas ta vie à la spiritualité, ta famille à la spiritualité, tous les bruits de ton quartier à la spiritualité, alors tu continues à vivre une spiritualité qui rêve, qui idéalise, qui met Dieu toujours plus loin (parce qu’il y a toujours plus de bruits et qu’il est donc toujours plus difficile à atteindre) et, chaque jour, tu rends ton paysage intérieur encore plus infernal. Tu le transformes en une agression perpétuelle sur toi-même. Et à force d’être agressé, tu finis par avoir besoin de repos. Et si tu n’as pas assez d’argent pour te permettre ce repos, tu deviens malade. Et lorsque tu es malade, tu vas courir les guérisseurs et tu vas chercher le remède miracle et tu vas demander au maître et à la sagesse la raison de cette maladie dans ton corps et tu vas demander ce que tu as fait au bon Dieu pour mériter cela ! « Ça ne suffisait pas d’avoir tous les bruits du quartier, mes enfants qui ne me comprennent pas, mon mari (ou ma femme) qui ne me suit pas et en plus, il faut que je sois malade ! » Et si tu ne veux pas t’avouer vaincu malgré tout, tu diras que c’est ta dernière initiation, la plus dure, mais que c’est TON initiation.
Ce n’est pas ton initiation. C’est le dernier pas, le dernier geste, de ta bêtise, de ta mauvaise interprétation. Ça, oui !

Mais combien de disciples sont capables de contempler leurs propres erreurs ? Très peu. Très peu parce que c’est le rêve qui compte avant tout. Alors dès que le rêve ne peut plus cadrer avec la réalité, on se trouve des ponts, on se construit des passerelles pour faire quand même cadrer la chose.
Par exemple, celui qui croit que tout est prévu, que tout arrive dans un déroulement logique, inébranlable, et à chaque fois pour le bien,  ne s’expliquera pas pourquoi à tel moment (alors que pendant des années il a cultivé la pensée positive et qu’il a été généreux autant qu’il a pu), un bandit arrive et dévalise complètement son appartement. Il essaye alors de trouver là quelque chose d’initiatique, car son rêve ne colle plus avec la réalité.
« Tiens, peut-être que je ne suis pas si généreux que je l’imaginais et que les maîtres veulent tester si oui ou non je suis avare, attaché à ma télévision et à mon canapé. »

Réfléchis une minute, s’il te plaît.
Pourquoi veux-tu que, du fin fond de l’Himalaya, un maître ait l’esprit assez mesquin et tordu pour commander un voleur d’aller te cambrioler pour voir si tu es attaché à tes biens ?
Si un tel maître existe, il a vraiment beaucoup de temps à perdre mais surtout cela veut dire qu’il revend tes meubles. Ça, c’est certain ! Il est plus vendeur de meubles que maître, je t’assure ! Alors plutôt que de chercher l’instant initiatique, va à la police et déclare ton vol.

Lorsque le rêve ne cadre plus avec la réalité, tout de suite, on fabrique des passerelles. Et ce sont ces passerelles, accumulées les unes aux autres qui, un beau jour, bouchent complètement l’accès au ciel. L’accès au ciel, vois-tu, c’est juste un pas par-dessus l’abime. C’est tout.